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Reportage photographique sur les boulevards extérieurs et périphériques parisiens où « logent » des femmes et des hommes vivant dans des habitats précaires. Ils ont trouvé refuge sous des ponts, dans des caravanes ou des cabanes qu'ils ont fabriquées.
photo 1 : Gérard vivait dans une caravane dans l’excavation d’un immense pilier soutenant un pont du boulevard périphérique rue de la Clôture dans le XIXème arrondissement. Je l’ai rencontré à plusieurs reprises jusqu’à sa mort. Il m’offrait le pastis et me parlait de sa vie quand il était employé chez Wonder ou qu'il vivait de la récupération de petites ferrailles. L’écrivain Jean Rolin a aussi fréquenté Gérard. Il évoque leur « compagnonnage » dans son récit "La Clôture". Dans ce même texte, Jean Rolin évoque le tragique destin de Ginka (voir photo 5) jeune prostituée bulgare égorgée un petit matin d'hiver par un client à quelques dizaines de mètres de la caravane de Gérard.
photo 2 : Kheira vivait dans une caravane depuis plusieurs mois sur une place de parking le long du périphérique Porte de Vincennes. Kheira est née en Algérie, elle a épousé un légionnaire marseillais dont elle a divorcé, « ça s’est très mal passé » m’a-t elle dit . Elle me raconte sa vie en tentant de mettre un peu de cohérence dans une existence visiblement compliquée, faite d’une succession de petits boulots jusqu'au chômage définitif. Quelques mois après notre rencontre, j’apprendrai que sa caravane a été incendiée.
photos 3 et 4 : Marco s’est installé près de la Porte d’Italie sur les boulevards extérieurs. Au milieu de ses meubles de récupération, il avait construit une sorte de cheminée où il faisait brûler des morceaux de bois trouvés dans le quartier. Il habitait à Paris depuis une quinzaine d'années et travaillait dans l’entretien et le bâtiment. Puis il avait divorcé et c’est là, me disait-il, que tout avait basculé, l'alcool, le chômage, l'errance... Il ne vivait pas seul. Dans un bocal sur sa commode il avait récupéré une grenouille, sa compagne d'infortune m'avait- t-il dit.
photos 4 : En continuant mon reportage du côté de la Porte de Clichy, je tombe à plusieurs reprises à quelques semaines d'intervalles sur ces deux hommes handicapés qui faisaient la manche dans les embouteillages. Ils m'expliquent avec quelques mots français approximatifs qu'ils viennent de Roumanie. L'un a perdu son bras et une jambe après avoir été électrocuté, l'autre (pieds nus) a les pieds déformés de naissance. Ils vivent dans une tente sous un pont du périphérique porte de Clignancourt. Je sais que des mafias roumaines (mais pas que...) utilisent des personnes handicapées pour faire la manche et ramener de l'argent. Sont ils les "employés" et les victimes de ce trafic? sans doute.
photo 5 : Rue de la Clôture dans le XIX ème arrondissement le long des voies de chemins de fer qui partent de la gare du Nord. Un agent d'entretien municipal me montre l'endroit où il a retrouvé un matin le corps de Ginka, une jeune prostituée bulgare assassinée (voir texte photo 1). Voir le documentaire poignant racontant sa destinée tragique : "Un corps sans vie de 19 ans".
photo 6 : Elle était assise là toute la journée sous un pont près de la Porte de Pantin avec sa bouteille et son carton. Quand je lui ai demandé si je pouvais la prendre en photo elle a sorti un peigne de sa poche et s'est lissé les cheveux en arrière.
Photo 7 : Je ne sais plus exactement où j'ai pris cette photo, du côté de la Porte de Montrouge je pense... Trois africains arrivés récemment en France qui vivaient dans un box désaffecté le long du boulevard périphérique. Pour survivre ils vendaient des épis de maïs.
Photo 8 : Dans un square le long du périphérique, j'aperçois un des hommes rencontrés dans la cabane de la Porte Maillot (voir photo 9). Il profite d’un rayon de soleil pour se reposer « au calme ».
Photo 9 : Porte de Clignancourt. Je remontais vers la bretelle d’accès qui accède au périphérique quand j’ai croisé cet homme qui semblait perdu. Je lui ai demandé s’il acceptait que je le prenne en photo, il s’est alors posé devant moi sans bouger, puis il est reparti sans dire un mot.
Photo 10 : Une cabane Porte Maillot en bordure de périphérique où vivent plusieurs hommes venus des pays de l’Est. La journée ils travaillent sur des chantiers en région parisienne. Le bruit ne les gêne pas "ça endort" racontent-ils. Ils me disent être plus en sécurité sur le périphérique que dans la rue.